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Une éclipse, des jonquilles… la terreur, le printemps

par | 23 Mar 2015

Revisité en janvier 2023

Par gros temps – qu’il s’agisse de la météo extérieure on intérieure – trouver un abri, un répit.

Entre terreur et douceur, entre ombre et lumière*, c’est un étrange printemps qui nous est arrivé, sur la pointe des pieds et qui pourtant, heureusement, nous fait tout chaud au coeur. Précédé d’un soleil éclatant qui n’empêchera pas encore quelques giboulées. A l’équinoxe, cet instant où jour et nuit font match nul, se partageant à parts égales le temps, il y a comme une trêve dans le ciel météorologique.

Tout au fond de soi, l’espoir est immense, rempli d’attentes, de projets: savourer les beaux jours qui s’annoncent, continuer d’avancer un pas après l’autre vers de nouvelles destinations. Sans oublier d’aimer le chemin, avec ses perce-neige, ses primevères et ses cailloux, ses racines en travers et les oiseaux qui chantent à nous faire lever les yeux au ciel en quête d’une frêle silhouette… des ombres chinoises entre les branches encore presque nues.

La montée du printemps, de la vie, du renouveau… c’est une saveur qui rappelle les débuts de l’an, quand tout est possible. Un recommencement… oui, promis, cette fois ce sera autrement.

Comme au début de l’an, une force vitale au fond de soi, mais aussi une boule qui pèse son poids, juste là, au creux de l’estomac. Trop de violences, trop d’attentats. La terreur, qui voudrait nous faire peur, tuer la douceur. Alors il faut se montrer fort pour oser être doux.

C’est qu’à hauteur d’homme, la trêve se fait désirer. Le monde est un peu trop fou. On a même failli en perdre le soleil, grignoté aux deux tiers par madame la lune. Un 20 mars. C’était aussi la Journée mondiale du bonheur…

Parfois ce monde chahuté nous bouscule… à en perdre la boule. Ecartelés que nous sommes entre mille informations, sautes d’humeur, bonds d’allégresse et glissades au fond du puits sans fond.

Il a fait frisquet, tout soudain, ce matin du 20 mars. Même les ombres chinoises, perchées dans le noyer, face à la fenêtre, avaient sur le bout du bec comme des questions muettes. Elles chantaient malgré tout, comme si de rien n’était. Mais on les sentait frissonner.

Et si la lumière ne revenait pas… Madame la lune a réussi son show en cinémascope, à la taille infinie de l’espace. Pfff, même pas peur… elle nous a fait une fleur, ouvrant la voie aux printemps.

Etre ou ne pas faire

A hauteur d’homme, on continue le triste cinéma. Film noir. Les victimes tombent pour de vrai. Ce dimanche, dans le journal, une plume avisée écrivait des mots comme une sentence. Genre “c’est bien beau de dire Je suis Charlie, Je suis Tunis, Je suis Bardo »… et qu’il faudrait un peu moins « être » et un peu plus « faire ».

A cet instant, la boule au ventre n’a plus su comment elle s’appelait: peur, impuissance… lâcheté, inconscience?

Ou alors confiance, force tranquille, courage, pleine conscience? Comme une audace de vivre le moment présent. Jamais dans l’indifférence, toujours relié, mais sans oublier d’être vivant, réceptif aux merveilles autant qu’aux tragédies.

Aujourd’hui sur les quais genevois, il y avait un soleil éclatant d’insolence, un chemin de jonquilles… quelques promeneurs « à l’apparence tranquille »…

jonquilles-sur-les-quais-de-Genève

 

*ce texte a été rédigé en mars 2015. Six ans plus tard, début 2021, un autre printemps étrange s’annonce, le deuxième déjà en temps de pandémie.

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Catégories: pandémie, changement, réflexion

Mots-clé: femme, société, nature

LA MISE EN IMAGE

Vague féminine dans les rues de Genève, 14 juin 2019. Image du monde d’avant. Aujourd’hui, rester unies malgré la distance.
©L’île intérieure