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De l’habitude
au changement (III)

Jour 3

Au troisième jour de «Tout un mois avec soi», nous prenons déjà mieux conscience de ce qui nous encombre dans notre vie. Nous sommes en train d’identifier d’où nous vient ce sentiment de pesanteur qui nous accable. Nous rêvons d’un allègement, et de sa conséquence naturelle, la légèreté.

Par petites touches, nous avons pu faire l’expérience de désencombrer un tout petit peu notre quotidien, avec un objet en moins, un rendez-vous annulé. Parallèlement, nous avons choisi de porter notre attention sur un objet que nous aimons. Nous avons observé comment nous nous sentions.

En marge de nos habitudes routinières, ces petites expériences nous permettent de commencer à apprivoiser l’idée d’un changement.

Aujourd’hui, explorons ensemble ces deux notions:

Habitude
Changement

L’habitude, c’est notre façon de faire les choses, ce sont les petites actions du quotidien que nous répétons jour après jour, sans y penser, et qui mises bout à bout se transforment en routine.

Les habitudes ont quelque chose de rassurant. Paradoxalement, elles peuvent aussi nous enfermer dans des comportements sclérosants, que nous ne remettons pourtant pas en question.

Or si nous ressentons encombrement et pesanteur, c’est bien que nous sommes prisonniers d’habitudes qui nous font répéter les mêmes comportements suivis des mêmes conséquences.

 

La force de l’habitude

Le danger avec l’habitude, c’est qu’elle s’installe l’air de rien, comme une façon d’agir normale, naturelle, confortable. Elle nous conduit à nous comporter machinalement, en ne pensant ni à ce que nous faisons ni que nous pourrions faire autre chose, ou autrement.

Quelque chose de confortable, et malgré tout un danger: voilà qui peut surprendre. L’habitude est par définition quelque chose que nous connaissons bien, qui nous est familier.  En changer, c’est se confronter à l’inconnu, à la nouveauté.

Des habitudes en apparence confortables, rassurantes, mais pouvant engendrer des situations qui nous pèsent. C’est tout le paradoxe. Comment en sortir? Là encore, à petits pas, en testant prudemment de nouvelles manières d’agir.

Peut-être sans même vous en rendre compte, vous êtes resté sagement  dans les limites de votre «zone de confort», c’est-à-dire dans vos habitudes. Il y a bien ici et là quelques signaux vous alertant que quelque chose ne vous convient plus. Vous le ressentez, ce malaise diffus. Cela n’a rien d’agréable, mais l’idée d’initier un changement apparaît encore bien plus pénible.

La force de l’habitude semble à ce stade-là avoir remporté la bataille.

 

Oser le changement pour se sentir mieux

Avant de parvenir à lâcher une habitude pour lui préférer le changement et la nouveauté, il faut avoir pris conscience que c’est bien en elle que réside le danger, et non dans l’inconnu comme on l’avait cru jusque là.

Alors tout devient possible. Même l’effroi passager d’avoir lâché ce à quoi l’on s’accrochait si fort devient excitation face à un quotidien transformé en terrain d’aventure. Vous commencerez à vous sentir plus vivant. Tout tremblant peut-être, mais vivant.

Le changement peut s’expérimenter de tant de manières. Il ne s’agit pas de changer subitement de travail, de partenaire ou de lieu de vie. Il ne s’agit pas de  tout plaquer, même si parfois vous en rêvez.

Commencez  modestement, là où vous êtes. Secouez doucement l’une ou l’autre de vos habitudes pour en faire tomber la poussière: l’heure à laquelle vous vous couchez; votre premier geste au lever; ce que vous mangez; le chemin que vous prenez; ce que vous achetez sans y penser et qui vient ajouter à l’encombrement; votre consommation d’écrans et de réseaux sociaux…

 

Une question d’équilibre

Toutes les habitudes ne sont pas à jeter par-dessus bord. Il vous appartient de distinguer celles qui méritent d’être bousculées de celles que vous garderez précieusement car elle sont vos repères et simplifient le cours de vos journées.

Le changement, c’est commencer par oser les remettre en question.

Pour vous y aider, je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

Je regarde

Soleil à l'horizon se réflétant sur le lac, au lever du jour comme au coucher

La nuit, l’aurore, puis l’aube, et cet éclat de lumière orangée entre lac et et cieux tous deux aquarellés de bleu.

Rien de plus routinier, de plus prévisible, que le soleil se levant chaque matin pour se coucher, tout aussi régulier, chaque soir. Mais rien de plus changeant, n’offrant jamais deux fois un spectacle tout à fait identique.

S’arrêter en contemplation devant tant de beauté, c’est accueillir une nouvelle journée ponctuée de routines et d’habitudes, tout en s’ouvrant à  l’inattendu, au changement tant imprévisible que choisi.

Face au soleil jouant avec les nuages et les reflets sur l’eau, je me familiarise avec l’idée que je peux entreprendre des changements dans ma vie sans perdre tous mes repères.

Le soleil se lèvera demain.

J’écoute, je lis

Parmi les merveilleux récits de Christian Bobin, il en est un en particulier, sous forme de journal intime, qui explore la valse entêtante des sentiments contradictoires.

Dans cet «Autoportrait au radiateur», on comprend que l’écrivain affronte une perte douloureuse, un bouleversement définitif et non choisi dans sa vie.

Avec toute la poésie qu’on lui connaît, il revisite un quotidien à réinventer chaque jour. Il s’émerveille de bouquets de fleurs, d’une lumière dans le ciel, il se raccroche à ce qui tient bon tout en accueillant le changement.

« Et me voilà devant une journée neuve. Y cheminer jusqu’au soir, c’est vraiment
du grand art. Je me sens comme un écolier à qui chaque jour on ferait passer un examen.
Hier il a eu une bonne note, ou une mauvaise, peu importe. C’est aujourd’hui l’épreuve décisive, impossible de se reposer sur les résultats de la veille, d’ailleurs ils sont effacés
.»

 

J’entre en action

Aujourd’hui, je vous propose d’expérimenter un changement subtil dans la routine de votre quotidien.

Nul besoin de vous imposer un chamboulement brutal; préférez un petit écart négocié en douceur, comme on prendrait un chemin de traverse. Et si l’expérience vous plaît, vous pourrez intégrer progressivement cette nouvelle habitude stimulante.

Quelques suggestions: faites sonner votre réveil cinq ou dix minutes plus tôt et profitez de ces quelques instants volés à la nuit pour accueillir de manière plus consciente la journée qui commence; modifiez un petit peu votre trajet si vous vous déplacez; occupez différemment une pause dans votre journée, par exemple une petite balade en écourtant le temps passé à table.

Observez comment vous vivez et appréciez ce moment «décalé».

 

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