La joie simple de se lever tôt, avec l’aube en cadeau

La joie simple de se lever tôt, avec l’aube en cadeau

JUILLET
L’énergie positive du petit matin

Vous les connaissez sans doute, ces matins difficiles où le corps et l’esprit résistent à la nécessité de quitter le lit-cocon pour entamer une nouvelle journée. Journée dont on pressent déjà qu’elle sera à l’image de cet éveil forcé. Tout apparaît dès lors comme une contrainte, une course après le temps qui nous échappe. Et l’on risque bien de se coucher dans le même état de frustration, au terme d’un marathon quotidien fait de contrariétés et d’insatisfactions.

La période estivale est le plus délicieux moment de l’année pour expérimenter une autre façon d’entrer dans une nouvelle journée. Reconquérir le temps plutôt que le laisser nous dominer, trouver le rythme nous convenant le mieux : les aubes douces de l’été sont une invitation au réveil naturel, synchronisé sur la lumière et le soleil.

 

« A l’aube,
la brise a des secrets à vous dire.
Ne vous rendormez pas. »

 

En quelques mots, le mystique poète persan Jalâl al-Dîn Rûmî honore ces instants immaculés du petit jour, dont l’activité humaine et l’empressement des foules n’ont pas encore altéré la pureté.

Ces minutes heureuses, où le silence n’est rompu que par les premiers chants d’oiseaux et une légère brise murmurant des secrets à notre âme, sont une source inépuisable d’énergie positive. A la paresse d’une grasse matinée, je vous invite à préférer le cadeau de l’aube, un présent à cueillir, intact, matin après matin. Profitez-en pour oser ne rien faire, juste être là, conscient du privilège de l’instant.

Il se pourrait bien que la découverte des joies simples de l’aube transforme peu à peu la qualité de vos journées et de votre vie, pour autant que vous apprivoisiez cette nouvelle habitude à votre rythme, en respectant vos besoins de sommeil, quitte à vous coucher parfois avec le soleil.

 

Après les vacances, choisir l’ancre ou le gouvernail

Après les vacances, choisir l’ancre ou le gouvernail

AOÛT
Rentrer au port… ou larguer les amarres

La rentrée est bel et bien là. On la remarque aux matins déjà plus frais, aux cris et aux rires dans les préaux d’école, aux bureaux à nouveaux tous occupés sur les lieux de travail, aux encombrements sur les routes.

Si la peau est encore dorée et la tête remplie des souvenirs de vacances, les impératifs du quotidien n’ont pas mis longtemps à nous ramener au port pour nous y ancrer solidement. La routine, les habitudes ont remplacé les rêves d’évasion. Une fois surmontés les accès de nostalgie du retour, les retrouvailles avec la « vraie » vie nous réinstallent dans notre cocon. Nous retrouvons notre zone de confort, ce qui peut être sécurisant ou au contraire un peu effrayant.

 

« Décidez-vous toujours pour l’inconnu,
indépendamment du risque,
et vous grandirez continuellement. »

 

Par ces mots, le sage indien Osho privilégie l’audace, la découverte de nouvelles voies de navigation, des escales dans des ports encore inexplorés.

La prise de risque ne réside pas toujours là où on l’imagine. C’est parfois du connu qu’il convient de se libérer pour gagner un nouveau confort de vie, dans le mouvement et l’inattendu plutôt qu’en restant à l’ancre. La sécurité apparente d’un quotidien familier peut camoufler des dangers, dont celui de perdre la flexibilité qui, un jour, sera peut-être nécessaire pour se laisser porter par le courant, prendre une nouvelle direction souhaitée ou naviguer avec des vents contraires.

Caboter de port en port, naviguer d’une rive à l’autre, par temps calme, larguer régulièrement les amarres, même si ce n’est qu’en imagination, permet d’entretenir et développer une souplesse d’esprit qui peut, avec l’entraînement, se transformer en audace de lever l’ancre par n’importe quel temps.

La nostalgie des beaux jours

La nostalgie des beaux jours

SEPTEMBRE
L’instant présent, en réponse au temps qui passe

Jamais vraiment là; toujours à chercher, regretter ou attendre quelque chose, ailleurs, hier ou demain: et si cette incapacité à vivre dans le moment présent était la cause principale de nos petites et grandes misères?

L’été finissant nous plonge dans la nostalgie: les beaux jours s’en sont déjà presque allés, et nous restons avec cette impression qu’ils ont filé trop vite. A peine cette pensée nous a-t-elle traversé l’esprit que nous trébuchons sur la suivante, teintée d’appréhension. C’est qu’il va falloir se préparer à une longue saison froide et sombre.

Il en va ainsi de nos pensées et de nos ressentis, au fil des saisons et des années, et pas seulement à la rubrique météorologique. D’âge en âge, on avance avec ce sentiment parfois bien lourd que nos vies accélèrent, raccourcissent, nous laissant à peine le temps de réaliser le moindre rêve.

 

« C’est dans la rosée
des petites choses
ue le coeur trouve son matin
et se rafraîchit. »

 

Le poète Khalil Gibran – à qui l’on doit Le Prophète, merveilleux recueil à lire et relire – nous invite à être attentif à chaque trésor sur notre chemin, qu’il soit resplendissant ou à peine perceptible.

Se pencher sur la fleur qui s’épanouit en septembre, élever son regard vers le ciel changeant, l’oiseau en partance ou la feuille virevoltant dans la brise, s’asseoir ou s’agenouiller pour contempler ce qui est là: c’est à notre portée et cela nous permet d’être enfin là, nous aussi.

En dépit des jours sombres et froids et des épreuves de la vie, il y aura toujours une goutte de rosée sur le chemin, une petite chose pour colorer nos pensées, rajeunir notre coeur et soulager notre nostalgie… pour autant que nous ne soyons pas ailleurs, mais tout simplement ici.

Prendre de la hauteur et voir en profondeur

Prendre de la hauteur et voir en profondeur

OCTOBRE
Ce qui nous appartient, ce qui nous relie

Dedans, dehors: où se situe la frontière? Qu’est-ce qui nous appartient et qu’est-ce qui nous est imposé de l’extérieur? On nous dit de plus en plus que les choses ont la couleur que nous leur donnons, que nous les percevons en fonction de nos pensées, de nos émotions, de nos habitudes, de nos convictions.

En d’autres termes, si on ne change pas la réalité, il nous appartiendrait au moins de pouvoir maîtriser la façon dont nous la vivons et l’expérimentons. Nous ne sommes pas de simples spectateurs, absorbant comme des éponges ce qui nous entoure. Nous pouvons choisir ce que nous faisons entrer dans nos vies, qu’il s’agisse d’idées, d’objets, de relations. Choisir aussi ce que nous laisserons à la porte.

Une telle appréhension de la réalité nous donne du pouvoir sur nos vies, une forme de responsabilité aussi. Ne plus se considérer comme une victime, c’est souvent une étape délicate à franchir, même si elle représente l’ouverture royale vers la liberté et l’autodétermination.

 

« Les seules pensées zen
que vous puissiez trouver
en haut d’une montagne
sont celles que vous avez apportée
avec vous. »

 

Si l’on en croit le philosophe américain Robert Pirsig, la sérénité ne peut être qu’intérieure. Ainsi, fuir un lieu sombre, triste ou trop agité – la région genevoise engloutie sous le stratus par exemple – pour gagner de la hauteur et du soleil ne se révélera une expérience réussie que s’il y a en nous de quoi faire bon accueil à cette lumière extérieure.

Néanmoins, nous laissons des traces de notre passage, comme le font nos semblables, une certaine qualité d’énergie, une forme de présence impalpable. En haut de la montagne, d’où le zen émane-t-il? De mon cœur, de l’esprit du randonneur qui m’a précédée… ou de l’énergie invisible qui nous relie?

 

 

Esprit de fête et lumière du coeur

Esprit de fête et lumière du coeur

NOVEMBRE
Trouver son équilibre dans l’effervescence de fin d’année

C’est une forme de folie, mais une folie douce, qui s’empare de nous à l’approche de décembre. L’excitation ambiante se révèle contagieuse, l’envie de se faire plaisir aussi, et surtout celle de gâter ses proches.

En apparence, tous les indicateurs sont au beau fixe et c’est un sentiment de joie qui l’emporte, même si tout au long de l’année le quotidien de la plupart d’entre nous n’aura pas été tout rose. Lorsqu’arrive la fête la plus attendue, celle des cadeaux, du partage et des retrouvailles en famille, tout paraît alors plus facile. On laisse de côté ses soucis pour s’offrir un interlude d’insouciance.

Un sentiment d’abondance nous remet du baume au coeur et une féérie de lumières et de couleurs fait briller nos yeux. Mais comment s’immerger dans cette joyeuse effervescence sans s’y noyer? Comment faire en sorte que la plénitude qui s’exprime autour de nous continue de vivre en nous lorsque les éclats de la fête se seront ternis?

 

« Garde ton âme calme et retirée,
c’est un sanctuaire où tu trouveras,
quand tu le voudras, le bonheur. »

 

En rédigeant La lampe de sagesse inspirée de ses grands voyages vers l’Orient, Alexandra David-Neel semble avoir prédit combien il est important de garder vivante cette flamme intérieure, au milieu du clignotement des guirlandes lumineuses.

Pas question de jouer les trouble-fête, ni de prôner une austérité forcée. Mais pour que brille la lumière du coeur, il lui faut un espace de liberté, quelques instants de silence, un peu de curiosité pour une certaine sobriété, celle qui nous permet de prendre conscience de notre confort, de notre chance, de nos privilèges.

Oui, la fête nous appelle, elle nous invite à être à l’écoute de nos envies, mais aussi à pratiquer la générosité. Cet équilibre entre le dehors et le dedans, l’autre et soi-même, la nature nous en offre un bel enseignement un premier jour de neige, par la grâce de son dépouillement. Immaculée, stérile en apparence, elle prépare déjà les fruits à venir, car l’abondance est partout présente.

 

Se réconcilier avec son enfant intérieur

Se réconcilier avec son enfant intérieur

DECEMBRE
Bon sens et simplicité sur les pas d’un petit ourson

Une envie d’insouciance, un désir d’enfance. C’est un appel que l’on peut ressentir très fort lorsque remontent de notre mémoire, au moment où la fête est tout juste là, des souvenirs d’avant et ce profond besoin de spontanéité.

Et si l’on se posait moins de questions? On aimerait dire son émerveillement, crier de joie comme un enfant à la vue des lumières qui brillent et des vitrines remplies de jouets, mais on n’ose pas. On n’ose plus.

Alors, on se tourne vers des plaisirs et des occupations d’adulte. Restons sérieux et, sérieusement, pensons à notre bien-être, à ce que nous pourrions entreprendre – en dernière minute – pour que l’année qui vient soit à notre goût.

C’est alors que le hasard – ou un petit lutin espiègle mais bien intentionné –  nous fait tomber entre les mains un petit bouquin à la couverture colorée, illustrée d’un ourson concentré sur son cerf-volant.

 

« Quand tu as marché pendant des kilomètres
avec le vent qu’il y a,
que tu entres soudainement chez quelqu’un, et qu’il te dit:
hello Pooh, tu arrives juste à temps
pour un petit morceau de quelque chose,
alors c’est ce que j’appelle une journée amicale. »

 

Parole de Winnie the Pooh… le célèbre Winnie l’ourson de notre enfance.

Nous voici plongés en un instant dans un ravissement tout en simplicité, grâce à un auteur – adulte mais un peu môme tout de même – qui imagine sa rencontre avec Winnie, petit ourson devenant maître de sagesse sur la voie du Tao. Ce bijou d’humour et de tendresse se nomme donc Le Tao de Pooh*.

Dans les pas de Winnie The Pooh, la fête, ce sont les petites joies du quotidien; et l’année à venir… 365 jours à cueillir.

Et les bonnes résolutions ? «Quand tu essaies trop fort, ça ne marche pas», remarque le sage petit ourson.

*Le Tao de Pooh, par Benjamin Hoff. Picquier Poche