De demain à aujourd’hui (XVII)

De demain
à aujourd’hui (XVII)

Jour 17

Pour aborder hier la seconde moitié de notre programme «Tout un mois avec soi», nous nous sommes mis·e à l’écoute de questionnements plus fondamentaux. Qu’est-ce qui me maintient dans cet état de tension permanente? Cela fait-il sens? Quelles sont mes aspirations? Quelle est ma mission?

Bien qu’essentielles, de telles réflexions peuvent s’accompagner d’une certaine anxiété; nous bloquer, ou soudainement nous propulser vers l’avenir sans prendre le temps de s’y préparer. C’est pourquoi, aujourd’hui, je vous invite à revenir à… aujourd’hui.

Explorons ensemble le temps… à contre-temps:

Demain
Aujourd’hui

C’est tout le paradoxe: lorsque nous commençons à envisager des changements, nous nous projetons vers des lendemains proches ou lointains. Au risque de ne plus être connecté·e au présent, de se prendre à rêver, anticiper et de ne plus supporter notre vie actuelle. Or, ce n’est évidemment pas notre objectif.

Alors, comment tout à la fois travailler à notre futur, le modeler au plus près de nos aspirations, tout en vivant notre vie d’aujourd’hui? Repensons à la pratique des petits pas. Il est rare que l’on s’aventure de manière brutale et irréfléchie vers des changements radicaux, même si parfois la tentation s’empare de nous de «tout envoyer balader».

Des événements que nous n’avons pas choisis peuvent hélas bouleverser notre vie d’une seconde à l’autre. Mais lorsque nous avons la liberté du choix, nous pouvons nous donner le temps… parfois même laisser faire le temps. Laisser mûrir une idée, laisser décanter un projet.

Quelles que soient notre précipitation et notre impatience, nous ne pouvons pas déjà être à demain. Tout ce que nous pouvons faire, c’est aujourd’hui, à cet instant seulement que nous pouvons le faire. Autrement dit, c’est ici et maintenant que nos actions, nos pensées, nos paroles dessinent les contours de demain.

 

Oeuvrer à demain… aujourd’hui

Aujourd’hui, je vous invite donc à accueillir le jour comme il se présente. Les bras ouverts, faisons de notre mieux pour qu’il soit notre oeuvre d’art unique et personnelle,  Bras ouverts, mais pas bras ballants. Le contenu de cette journée est probablement pour chacun·e de nous un mélange parfois hasardeux et inattendu de contraintes externes et de décisions qui nous appartiennent.

Peut-être allons-nous pouvoir expérimenter que tant ce qui nous est imposé que ce qui relève de notre propre arbitre contient tout à la fois sa part d’impondérable et sa part de liberté de choix. C’est rarement tout l’un ou tout l’autre.

Dans chaque situation, chaque activité, chaque rencontre de ce jour, quelle attitude vais-je adopter? En quoi cette attitude me permettra-t-elle d’apporter, même de manière subtile, une différence, une plus-value, pour moi comme pour l’autre?

 

Agir en pleine présence

Il est peu probable qu’entre hier et aujourd’hui, quelque chose ait changé mon quotidien de manière fondamentale. Il en ira vraisemblablement de même entre aujourd’hui et demain. Ce sur quoi je peux agir, c’est la qualité de l’instant vécu. Juste ici et maintenant.

Cela vous semble bien éphémère? Si nous traversons cet instant sans y prendre garde, sa fugacité nous fait douter de son existence… de «notre» existence. En revanche, si nous l’habitons pleinement, il devient comme une petite éternité à savourer.

Mais il est bien difficile, lorsque nous courons d’un lieu à l’autre entre deux contraintes, d’imaginer qu’un instant puisse contenir autant… que l’instant soit ce que nous en faisons, moins par nos actes que par la qualité de présence que nous y investissons.

 

Du sens… ici et maintenant

Il paraît alors plus clair que ce n’est pas en nous précipitant vers demain que nous réaliserons nos rêves, notre mission plus rapidement. C’est bien en habitant pleinement le présent, aujourd’hui, en nous consacrant sincèrement à nos activités que nous serons doublement gagnant·e·. En étant davantage connecté·e à l’expérience d’être vivant·e et en instillant un supplément de sens ici et maintenant, nous traçons le chemin qui nous conduit vers demain.

Henry David Thoreau étant notre source d’inspiration pour aujourd’hui, je me plais à partager encore cette citation, qui me semble bien exprimer le paradoxe que nous venons d’évoquer:

«J’appris au moins ceci par mon expérience: que si l’on avance avec confiance dans la direction de ses rêves, si l’on s’efforce de vivre la vie que l’on a imaginée, on trouvera un succès inattendu dans la vie ordinaire.»

Je lis et relis ces quelques mots, ils continuent de m’interpeller: Thoreau oppose-t-il une vie telle que rêvée à une vie ordinaire? Ou est-ce que vivre une vie au plus près de ses valeurs, de sa mission, embellit l’ordinaire sans avoir à partir en quête de l’extraordinaire? Je penche, vous l’aurez probablement deviné, vers la seconde interprétation. Et vous?

Pour l’immédiat, je vous invite à poursuivre votre propre réflexion tout en ajoutant votre plus-value à la journée qui s’offre à vous. Pour vous y aider, je vous propose comme à l’accoutumée trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

Je regarde

Au gré d’une promenade hivernale dans un froid vivifiant, je me suis arrêtée devant notre célèbre horloge fleurie. Je l’ai contemplée, prise dans ses habits d’hiver, sous une fine couche de givre faisant ressortir davantage quelques touches de jaune.

Dans l’air glacé de janvier, elle indiquait l’heure exacte, l’aiguille des secondes poursuivant sa ronde à un rythme régulier. Pourtant, j’ai eu cette sensation que le temps s’arrêtait, que tout dans cette scène me ramenait à l’instant présent. A l’instant éphémère mais bien concret.

Il suffira d’une seule seconde pour que la grande et fine aiguille ne soit plus au même endroit, d’un faible rayon de soleil pour que le givre s’évapore en perles de rosée. D’un brin de chaleur pour que les petites pensées jaunes redeviennent fringantes.

Je me suis revue à cet endroit, à cet instant. Puis j’ai regardé la date sur la photo: 6 janvier 2020. C’était avant…

Alors, ne pas penser à demain, simplement vivre aujourd’hui.

J’écoute, je lis

Bien avant nous, une multitude de précurseurs se sont interrogé sur le sens de leur vie, remettant en question leurs besoins, se rapprochant de l’essentiel et du moment présent pleinement vécu.

Dans cette quête de sens, l’Américain Henry David Thoreau nous précède de deux siècles. Les témoignages qu’il nous laisse de ses expériences ont traversé le temps. Son message nous est très actuel en même temps qu’intemporel.

«Walden ou la vie dans les bois» demeure le plus célèbre de ses ouvrages. Thoreau y fait le récit de son retrait du monde, dans les bois où il construit lui-même sa cabane, se rapprochant ainsi de ce qui fait sens dans sa vie. Il nous invite à rêver de lendemains épanouissants tout en habitant pleinement l’ici et maintenant.

Ecoutons-le:

« Changer la qualité de la journée
est le summum de l’art. »*

* Walden ou la vie dans les bois. L’Imaginaire/Gallimard

J’entre en action

Pour aujourd’hui, je vous invite à considérer une activité qui fait partie de votre routine habituelle, ou de vos contraintes quotidiennes. Pensez à une situation récurrente, qui ne vous apporte généralement aucune satisfaction ni aucun plaisir, voire que vous redoutez, parce qu’elle est ennuyeuse, énergétivore ou qu’elle met à l’épreuve vos aptitudes, votre résistance, votre patience.

Serait-il possible, juste pour aujourd’hui, de changer un petit quelque chose à cette situation? Ou du moins d’expérimenter volontairement une autre attitude face à cette situation, de l’aborder d’une autre manière, dans un état d’esprit différent?

En d’autres termes, comment donner du sens à cette activité, cette rencontre, ce moment qui pour vous n’en avait pas jusqu’ici?

Faites preuve de créativité  tout en restant simple. Ne choisissez pas un contexte trop exigeant. Commencez par quelque chose de relativement anodin, peut-être juste ennuyeux, et imaginez comment cela pourrait devenir un petit peu plus intéressant, gratifiant.

Plutôt que de vous extraire de cette situation comme vous le faites habituellement, soyez au contraire tout à fait présent, attentif à vos sensations, à vos ressentis. Menez votre propre exploration.

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De la tension à la mission (XVI)

De la tension
à la mission (XVI)

Jour 16

Tout au long de la première quinzaine de notre programme «Tout un mois avec soi», nous avons exploré divers ressentis, des attitudes, exploré des notions dans lesquelles souvent nous nous étions enfermés. Nous avons petit à petit élargi notre regard, modifié notre point de vue.

Un jour à la fois, je vous ai proposé de subtils changements, des expériences réalisables dans la vie quotidienne, ainsi que des images dont j’espère qu’elles auront été inspirantes, tout comme les citations et les invitations à la lecture qui les accompagnaient.

Nous allons poursuivre ensemble notre cheminement, en progressant de la même façon, un petit pas après l’autre. Cependant, il est probable que les remises en question initiales – tendant en particulier vers une vie plus simple, un désencombrement sous divers aspects – amènent déjà dans leur sillage des questionnements plus profonds.

Un décalage de plus en plus sensible entre ce qui constitue notre quotidien et ce à quoi nous aspirons secrètement risque de provoquer des tensions internes qu’il deviendra de plus en plus difficile d’ignorer.

Aujourd’hui, explorons ensemble ces deux notions:

Tension
Mission

Lorsque nous nous disons tendu·e, nous faisons souvent référence à un état de stress psychique, de surcharge mentale. Une tension de plus en plus extrême peut nous conduire jusqu’au point de rupture: épuisement, burn-out, dépression, troubles anxieux. Au plan physiologique aussi, une tension permanente favorise le développement de maladies.

 

Stress par excès, ou par carence

Pour préserver notre santé, tant psychique que physique, nous devons veiller à développer les ressources qui vont nous permettre de retrouver notre équilibre après un épisode de stress. Or, notre mode de vie actuel nous maintient, sous diverses formes, dans une tension continue, par excès – de travail, de stimulations, de responsabilités, d’activités – comme par carence – de repos, de sommeil, de temps pour soi.

Les tensions que nous ressentons pour ces raisons ne peuvent nous être que néfastes. Notre organisme ne peut pas endurer un état de stress durable, dont il ne perçoit ni l’accalmie ni la fin. Par définition, notre système de stress nous met en tension dans le but d’affronter une situation particulière. Après quoi, notre organisme doit pouvoir récupérer de cet effort ponctuel et retrouver son état naturel d’homéostasie.

Or, dans nos vies bousculées, c’est de moins en moins ainsi que les choses se déroulent. Et nous finissons par ne plus nous en rendre compte, considérant cette tension de chaque instant comme normale. Voire positive.

 

Une tension positive si elle a du sens

Faut-il voir dans cette dénonciation du stress une incitation à tout laisser aller, à ne plus se mobiliser, à renoncer ou se mettre en quête d’un état de béatitude absolue? Il ne s’agit pas de cela non plus, et les mots de Viktor E. Frank qui soutiennent notre réflexion nous le disent bien.

Dans ce domaine comme dans bien d’autres, ce qui fait la différence, c’est le sens que nous donnons à ce que nous vivons, à nos actions. Si les causes de la tension que nous ressentons nous sont déplaisantes, voire délétères – un travail que nous détestons, un emploi du temps surchargé, un cadre de vie à l’opposé de nos aspirations, des relations toxiques – le stress éprouvé nous détruira à petit feu.

En revanche, si nous sommes en tension pour des raisons qui ont de la valeur à nos yeux, si nous savons pourquoi nous traversons cette période de stress, mieux encore si nous avons choisi là où nous engageons notre temps, nos compétences, notre énergie de vie, alors nous sommes très vraisemblablement en train d’accomplir une mission.

 

Une mission… votre mission

Paradoxalement, oui, un état de tension peut être vécu comme positif, gratifiant. Du reste, cela pourrait bien être le cas de la tension que vous ressentez juste maintenant, cette tension en lien avec l’idée d’une mission.

Une mission, c’est une action qui a une utilité, un objectif louable, qui fait profondément sens pour vous. Il peut s’agir d’une mission ponctuelle, voire presque banale, comme un service que vous aurez rendu de bon coeur à une personne en besoin d’aide. Cela peut-être un engagement social, bénévole, humanitaire, que vous avez pris sur une plus longue durée.

Dans une vision plus absolue, nous parlons de mission de vie. De cette vocation unique qui n’est faite que pour vous, que vous seul·e saurez réaliser à votre manière unique. Peut-être s’est-elle déjà révélée à vous sous la forme de la profession que vous exercez, ou de la création artistique à laquelle vous vous consacrez.

 

Ajouter du sens, diminuer la tension

Parfois, nous rencontrons notre mission tôt dans la vie, parfois beaucoup plus tard. Il arrive que nous en changions. Il se peut que vous soyez aujourd’hui à la croisée des chemins, avec cette sensation grandissante en vous que vous êtes appelé·e à autre chose. Cela crée des tensions, du trouble, de la confusion… et sans doute aussi de la curioisité, de l’impatience, de l’excitation.

Prenez le temps de laisser mûrir cette sensation en vous, sans hâte, juste en accueillant l’idée de changements à venir qui pourraient vous rapprocher de votre mission.

Pour l’immédiat, il peut être bon de juste s’appliquer à ajouter un peu plus de sens, de présence, dans ce à quoi nous consacrons notre journée. Pour vous y aider, je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

Je regarde

tournesols sur un ciel bleu

Ils se sont élancés en direction du ciel azur. Grands, solidement enracinés. Ils  me dépassent d’une bonne tête.
Ils tendent leurs corolles vers le soleil éclatant de juillet. Tout investis dans leur mission. S’épanouir, arroser leurs précieuses graines de lumière.

Quelques jours auparavant, ils étaient déjà d’énormes boutons, mais pas encore prêts à éclore, repliés sur eux-mêmes au bout de leur tige. Allaient-ils s’ouvrir?

Dans ce champ éblouissant de jaune, des tournesols sont encore en préparation de floraison. Sur l’image, d’autres se devinent en arrière-plan, dans le flou.

Dans ces géants de l’été, avec leurs immenses feuilles écartées comme des bras, j’ai vu des êtres accomplissant leur mission, tendus vers la lumière, confiants.

 

J’écoute, je lis

C’est un homme qui a connu l’horreur. Celle des camps de concentration où il fut déporté et perdit ses proches.

Viktor E. Frankl a survécu, avec une capacité de résilience et une confiance en l’humain qui forcent l’admiration. Il a su rester debout, les yeux ouverts sur ce qu’il était encore possible de percevoir de beauté  et d’espérance au coeur de la tragédie.

A partir de cette expérience exrtrême, ce neurologue et psychiatre a développé une approche psychothérapeutique révolutionnaire. Sa logothérapie est basée sur le sens que l’on donne à sa vie.
Ecoutons son message, positif, rempli d’énergie:

« Il est risqué de croire que la santé mentale dépend avant tout d’un équilibre intérieur dénué de toute tension.
Ce dont l’humain a besoin, ce n’est pas de vivre sans tension, mais bien de tendre vers un but valable, de réaliser une mission librement choisie.»*

* Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie. Editions de l’Homme/J’ai Lu

J’entre en action

Pour aujourd’hui, je vous propose une nouvelle fois d’expérimenter un moment de méditation en pleine conscience.
Pour cette fois, choisissez de préférence de rester debout. Dans cette position droite, élancée, entre ciel et terre. Cette position dite de l’être en pleine santé.

Restez quelques instants immobile, conscient de la position de votre corps, des légères tensions nécessaires à la posture debout.

Prenez conscience de vos pieds au contact du sol.

Préparez-vous, pleinement attentif à votre intention puis au mouvement à venir, à faire un premier pas.
A l’instant de vous mettre en mouvement, soyez du mieux que vous le pouvez focalisé sur votre geste, sur vos pas, sur la tension de vos muscles et tout autant sur l’intention que vous placez dans votre choix d’aller de l’avant.

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Pause et orientation (XV)

Pause
et orientation (XV)

Jour 15

Nous voici au terme de notre deuxième semaine de ce cheminement «Tout un mois avec soi». Nous avons parcouru la moitié du programme.

A  mi-chemin, il est temps de nous accorder une pause, pour mieux ancrer les réflexions, les expériences et les ressentis que nous avons partagés jusqu’ici.

Une pause comme un temps d’orientation: où en sommes-nous, quelle «distance» avons-nous parcourue? Quelles sont nos envies, nos priorités, nos besoins pour les prochaines étapes?

Pour accompagner cette halte je vous propose:

 

Un arrêt sur image
Un récapitulatif de cette deuxième semaine
Une citation inspirante

Je regarde

voir le paysage de plus haut pour mieux s'orienter

Au-dessus des vignes dorées par l’automne, le petit chemin offre une vue dégagée sur la plaine de la Seymaz. J’aime m’y promener, m’y arrêter pour savourer pleinement ce somptueux paysage qui s’étale au pied des Voirons.

C’est aussi un exercice d’orientation: reconnaître les villages, les clochers; repérer les petites routes, les chemins à peine tracés qui sillonnent cet espace entre champs, marais, étangs et zones protégées.

Régulièrement, en toutes saisons, j’y chemine, sans autre but que respirer à pleins poumons, marcher en pleine conscience, me laisser surprendre par l’envol d’un héron.

Et lorsque je prends un peu de hauteur – juste ici au-dessus des vignes, ou plus loin sur cette crête des Voirons qui se dessine sous les nuages – c’est pour me remémorer mes cheminements, en visualiser les va-et-vient davantage que les avancées; le sens profond plutôt que la direction.

Je revisite le chemin parcouru

Voici pour chaque thématique de cette deuxième semaine une phrase-clé en guise de résumé.

N’hésitez pas à créer votre propre outil pour intégrer vos expériences et votre pratique jour après jour: un petit carnet, ou un tableau récapitulatif par exemple.

Jour 9: résignation – libre arbitre
Se résigner, c’est croire en une forme de fatalité, comme si tout était écrit d’avance. On accepte, sans manifester que l’on n’est pas d’accord, mais surtout sans rien entreprendre pour faire changer au moins un tout petit peu la situation.

Jour 10: enfermement – libération
Les barreaux de notre prison sont nos habitudes, nos idées toute faites, nos jugements – dirigés tant contre nous que contre les autres – notre rigidité psychique.

Jour 11: regard extérieur – auto-évaluation
Nous imaginons que nous devons être «comme les autres» pour être considéré comme une personne valable, adéquate, reconnue, acceptée.

Jour 12: échec – expérience
La peur de l’échec nous poursuit souvent dès l’enfance. Elle grandit proportionnellement au manque de confiance en soi… et réciproquement.

Jour 13: inquiétude – quiétude
Si je m’inquiète, c’est que je pense à plus tard, à ce qui se passera dans quelques secondes, une heure, un jour, un an, dix ans… Cela semble ne pas avoir de fin.

Jour 14: confusion – clarté
Posons-nous, le temps que le brouillard se lève et que l’on puisse à nouveau discerner la route… que l’on puisse à nouveau se discerner soi-même.

J’écoute, je lis

Pour aujourd’hui, laissons simplement infuser ces mots de Rabindranath Tagore. Ils me semblent offrir un riche écho au thème – «de la confusion à la clarté» – que nous abordions hier en fin de deuxième semaine.

«Nous déchiffrons mal le monde

et disons qu’il nous trompe.»

 

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De la confusion à la clarté (XIV)

De la confusion
à la clarté (XIV)

Jour 14

La première partie de notre cheminement dans ce programme «Tout un mois avec soi» nous a confronté·e à diverses situations inconfortables, des ressentis encombrants qui ne nous permettent pas de vivre pleinement.

Encombrement, pesanteur, enfermement, peur, inquiétude, découragement, incertitude… autant dire beaucoup de confusion dans nos vies.

Nous avons défriché quelques pistes pour commencer à nous alléger, à nous libérer, à reprendre espoir, à gagner en assurance, faire des choix… c’est-à-dire clarifier un peu notre horizon.

Aujourd’hui, explorons ensemble ces deux ressentis:

Confusion
Clarté

Dans le domaine de la santé psychique, on utilise le terme de confusion mentale pour évoquer un état pathologique caractérisé par des pensées désordonnées, une désorientation globale. Sans en être réduit·e à un tel stade de déséquilibre, il nous arrive de ressentir de la confusion dans une multitude de situations.

Un manque chronique de repos, un réveil brutal qui interrompt une phase de sommeil profond peuvent nous laisser totalement confus·e, le temps – comme l’expression le dit  si justement – de «retrouver nos esprits». Des circonstances inédites, un lieu qui nous est inconnu, un imprévu qui vient bouleverser notre programme constituent autant de sources de confusion. On se sent égaré·e, on en perd ses moyens.  Jusqu’à ne plus savoir que faire, rester comme sidérée·e, ou au contraire agir, réagir de façon inadaptée.

 

Un faux sentiment d’urgence

Cet état de confusion risque de nous  conduire à une évaluation erronée de la situation et de ses priorités. Voire à un faux sentiment d’urgence. Il est rare que la confusion accompagne un réel danger. Paradoxalement, lorsque des circonstances particulières imposent que l’on agisse immédiatement, nous sommes capables  de le faire, parfois de manière instinctive, sans aucune confusion ni hésitation.

La confusion, c’est comme un brouillard qui plane au-dessus de nos pensées, de nos émotions, de nos ressentis, et nous empêche d’y voir clair. Elle est plutôt la manifestation d’un encombrement, d’une surcharge, d’un surmenage. Un trop-plein de tout nous rend confus·e. On ne discerne plus l’essentiel, on ne voit plus l’horizon. On avance, comme on dit, «le nez dans le guidon», presque à l’aveugle.

 

Résister à la précipitation

Que convient-il de faire lorsque ce brouillard confusionnant nous empêche de voir devant et autour de nous? Ralentir semble être une option raisonnable. Ralentir… et peut-être bien s’arrêter tout à fait et mettre pied à terre. Continuer d’avancer ne ferait que nous égarer davantage. Nous risquerions aussi de tourner en rond sans même nous en rendre compte.

A la précipitation, préférons l’arrêt. Privilégions le présent à la fuite en avant. Confus·e, nous pensons que nous n’avons pas fait ce que nous devions, et alors nous nous précipitons. Au contraire, le plus souvent nous en faisons trop, nous voulons trop en faire, nous avons trop à faire. Nous ne pouvons pas continuer comme cela.

Posons-nous, le temps que le brouillard se lève et que l’on puisse à nouveau discerner la route… que l’on puisse à nouveau se discerner soi-même.  Car la première «chose» que nous égarons dans notre confusion, c’est nous-même.

 

Le temps de la décantation

Nous sommes cerné·e par la confusion. Et elle est aussi en nous. Tout est brouillé, opaque. En écrivant ceci me revient en mémoire un récit du maître zen Thich Nhat Hanh: il évoque une petite fille qui refuse de boire son orange pressée à cause de la pulpe peu appétissante. Invitée par le maître à laisser reposer son verre, elle retrouve un peu plus tard un breuvage clair, pur et désaltérant, la pulpe s’étant déposée tout au fond.

Aurons-nous la sagesse de cette petite fille qui a spontanément comparé son jus d’orange au maître qui se pose en méditation dans le moment présent, immobile et confiant?

Confus·e comme… embarrassé·e

Lorsque nous sommes confus·e, nous perdons le contact avec notre nature véritable. Nous ne sommes plus vraiment nous-même. Nous ne nous reconnaissons plus. Preuve en est une autre signification du mot «confusion»: gêne, honte, embarras. Dans certaines situations, face à certaines personnes, nous sommes confus·e de notre propre attitude ou réaction. Là encore, peut-être n’avons-nous pas pris le temps de nous poser, de laisser décanter la situation avant de réagir. A la confusion nous ajoutons alors une certaine culpabilité, nous regrettons ce que nous avons fait ou dit.

Repensons à la petite fille et à son verre de jus d’orange. Donnons-nous le temps… c’est tout ce que nous avons à faire. Nul besoin de poursuivre la clarté, de la rechercher dans la précipitation. Posons-nous, permettons au brouillard de la confusion de se dissiper… la clarté apparaîtra d’elle-même.

Pour vous aider à patienter le temps que l’horizon se dégage, avec confiance, patience et présence, je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

Je regarde

brouillard sur le lac léman

C’était le tout premier matin de cette nouvelle année. Tout autour de moi, un brouillard confondant l’eau et le ciel, le bas et le haut. Pas de rive, pas d’horizon. Par instants, on devinait brièvement l’ébauche d’un ponton, la silhouette floutée d’un arbre, ou celle d’une bouée indiquant la surface du lac.

Sur l’embarcadère, je suis restée immobile. Le temps que ce voile épais se mette en mouvement, se lève ou se décante, se dissipant par endroits, s’épaississant à d’autres.

Etrange symbole en ce premier matin. On ne distingue rien ou presque, ni autour de soi, ni devant soi. Allégorie de l’incertitude dans laquelle nous nous trouvons, qui tantôt nous fige, nous interroge ou nous ramène à l’essentiel.

Des signes de vie sont pourtant bien présents. S’élevant du coeur de la brume, des cris de mouettes. Puis la silhouette que l’on devine d’un cygne glissant sur l’eau. Puis l’éclaircie, le soleil juste au-delà qui soudain perce ce rideau mystérieux.

Alors le ciel est devenu bleu est l’eau transparente.

J’écoute, je lis

J’apprécie cette citation du peintre René Magritte, car elle offre un regard décalé sur la confusion. Selon lui:

« Rien n’est confus, sauf l’esprit.»

De la part d’un artiste surréaliste qui a si bien joué à nous confusionner en revisitant la réalité, voilà qui interpelle. Je crois comprendre qu’ à ses yeux talentueux, toute chose se présente clairement telle qu’elle est, y compris dans ses oeuvres, et que seul notre esprit y voit de la confusion.

Ecoutons-le encore:

« Tout dans mes œuvres est issu du sentiment de certitude que nous appartenons, en fait, à un univers énigmatique.»

Accompagné·e de ces paroles, voir d’un autre regard les tableaux de ce maître «surréel» et ceux que nous offre la nature… avec cette pensée neuve que tout, peut-être, se déroule à la frontière impalpable entre confusion et clarté, entre brouillard et lumière. 

J’entre en action

Pour vivre de l’intérieur l’expérience de la confusion, de sa décantation progressive jusqu’à une clarté au moins partielle, même fugitive, quoi de mieux que de se poser en méditation.

Rien à faire de particulier, sinon demeurer immobile, en silence, ne serait-ce qu’un petit moment, dans la position de votre choix: assis·e, allongé·e ou même debout.

Rappelez-vous: le jus d’orange dont on laisse à la pulpe le temps de se déposer au fond du verre. Contentez-vous de suivre votre respiration, telle qu’elle se déroule, naturellement.

La confusion, vous pourrez sans doute la percevoir dans vos sensations physiques, dans vos émotions, dans vos pensées. Ne la chassez pas, ne la retenez pas non plus. Permettez simplement que la brume se déchire, et dans cette trouée, même éphémère, accueillez la clarté.

 

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De l’inquiétude à la quiétude (XIII)

De l’inquiétude
à la quiétude (XIII)

Jour 13

En nous détachant  du regard extérieur sur qui nous sommes, ce que nous faisons et comment, nous avons vu, les jours précédents, que nous pouvions aussi aborder différemment la  notion d’échec. Petit à petit, notre perspective change et nous nous accordons le droit de nous alléger de trop de contraintes que nous pensions inéluctables.

Aujourd’hui, je vous invite à prendre le temps d’observer les effets d’un tel changement de perspective.

Pour cela, penchons-nous ensemble sur ces deux ressentis:

Inquiétude
Quiétude

L’inquiétude, il n’est guère besoin, me semble-t-il, de vous la décrire. Nous la connaissons toutes et tous  tant elle nous colle aux talons dans tous les domaines de notre vie. Généralement, nous nous inquiétons à peu près pour tout, des plus petites choses du quotidien aux plus grands enjeux de nos existences.

Les plus soucieux d’entre nous la considèrent au fond comme un état naturel. Mais avez-vous remarqué ce préfixe de deux lettres en début de mot: «in-». Cela ne signifierait-il pas que notre état véritablement naturel serait ce même mot, mais non affublé de son préfixe, évoquant par conséquent le sentiment opposé: la quiétude.

 

Agir davantage et moins penser

L’inquiétude provoque souvent une anxiété que nous ressentons tant physiquement qu’émotionnellement. Mais elle naît dans nos pensées. Nous anticipons, nous imaginons. Notre cerveau a la carrure d’un champion lorsqu’il s’agit d’appréhender une situation à venir sous toutes ses coutures, en énumérant en priorité toutes les manières dont cela pourrait tourner mal. C’est ce que l’on nomme en psychologie «biais de négativité».

L’inquiétude n’est jamais une réalité objective, mais une projection de notre esprit. Nous aimerions contrôler les événements, or nous ne pouvons jamais tout maîtriser. La plupart du temps, notre inquiétude est liée à des éléments sur lesquels nous n’avons pas de prise.

Lorsque nous pouvons, ou osons agir là où cela nous est possible, nous nous inquiétons moins et nous mettons notre énergie dans une attitude plus constructive en trouvant des solutions ou en contournant une difficulté.

 

S’inquiéter… ou être tranquille

Les mots ont des choses à nous dire. Nous l’avons vu, l’inquiétude est une absence de quiétude. Quiétude que l’on pourrait considérer comme notre état naturel.

Pour l’inquiétude, il existe un verbe. Je peux dire: «Je m’inquiète». Si vous vous inquiétez, vous êtes donc en quelque sorte actif, mais d’une activité contre-productive. En réalité, votre esprit s’agite, vos pensées s’emballent, votre imagination galope.

A l’opposé, pas de verbe pour exprimer la quiétude. Ce n’est pas une action, c’est un état. Il est question d’«être» dans la quiétude, de la ressentir, de l’habiter.

Pour moins nous inquiéter et nous sentir plus tranquille, nous n’avons rien à changer fondamentalement. Il ne s’agit pas de nous efforcer de modifier une attitude, une réaction. Il est même conseillé de ne rien faire de particulier.

Essayons simplement d’être ici, présent à l’instant. Et observons ce que nous ressentons. Au début, sans doute, beaucoup d’agitation. Puis petit à petit, comme un semblant de calme, dans notre esprit, dans notre corps, dans notre coeur.

 

Laisser venir la quiétude

Si je m’inquiète, c’est que je pense à plus tard, à ce qui se passera dans quelques secondes, une heure, un jour, un an, dix ans… Cela semble ne pas avoir de fin.

L’inquiétude, c’est comme une fissure dans notre réservoir d’énergie vitale. Il est temps de colmater la fuite, de nous ressourcer dans la quiétude pour refaire nos réserves.

Un sage disait: «Je me suis inquiété toute ma vie pour tellement de choses dont la plus grande partie ne se sont jamais produites.»

Pour vous aider à ne plus vous inquiéter de tout, tout le temps, je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

Je regarde

C’est un temps d’avril. Un temps à giboulées.

A l’Arboretum, les prunus parmi les plus précoces ont entamé leur floraison. Ce matin-là, ils ont les pieds dans la neige. En contrebas, l’Aubonne défile à gros bouillons.

En arrière-plan, les arbres semblent comme brûlés par le froid de l’hiver. Dans quelques jours pourtant, chacun à son rythme,  ils offriront au regard toute la palette des verts.

Je souris devant la nature messagère. Elle m’invite à la patience, à la contemplation. Au silence.

Nulle inquiétude de son côté. Tout est bien, en harmonie entre deux saisons. Rencontre de l’hiver finissant avec le printemps naissant. Rencontre de la neige et des fleurs…

Envie de demeurer là, en toute quiétude.

 

J’écoute, je lis

Il nous vient de si loin, Li Po, également connu sous le nom de Li Bai.

Il nous vient d’une autre culture, le taoïsme; d’un autre pays, la Chine; d’un autre temps, le VIIIe siècle. Pourtant, cet immense poète nous transmet avec un talent immémorial l’art de l’instant présent dans la contemplation de la nature.

Il a côtoyé de son temps la vie des riches palais, avant de fréquenter des ermites et de se retirer de tout pour savourer l’essentiel.

Ecoutons-le pour mieux nous taire:

« Tu me demandes pourquoi j’ai élu domicile dans les bois sur la montagne, et  je souris, et je me tais, et même mon âme fait silence.
Elle vit dans cet autre monde qui n’appartient à personne.
Le pêcher est en fleur. La rivière coule.»

J’entre en action

Pour aujourd’hui, je vous propose d’expérimenter un moment de méditation en pleine conscience avec pour objet la sensation d’inquiétude et de quiétude.

Installez-vous simplement en position assise, confortablement. Prenez bien conscience de votre corps, de sa position, de vos pieds posés à plat sur le sol.

Mais déjà, sans doute, en l’espace de quelques secondes, des pensées ont assailli votre esprit.

A quoi pensez-vous? Je devrais plutôt dire: «De quoi vous inquiétez-vous?»… tant il est probable que ce que à quoi vous pensez vous préoccupe.

Revenez gentiment à vos sensations corporelles, à votre respiration. Revenez ici et maintenant. Et observez, même si cela ne dure qu’une seconde, l’instant de quiétude où votre attention n’est plus accaparée par votre esprit.

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De l’échec à l’expérience (XII)

De l’échec
à l’expérience (XII)

Jour 12

En observant hier notre vulnérabilité au regard extérieur et notre difficulté à nous évaluer, à nous apprécier sans nous comparer, nous comprenions déjà combien nous avons souvent tendance à ne pas nous considérer à la hauteur.

Mais à la hauteur de quoi? De ce que les autres attendent de nous? De nos propres objectifs? De ce que nous pensons devoir être? En d’autres termes, nous avons l’art, malheureux, de nous mettre en échec.

Aujourd’hui, explorons ensemble ces deux attitudes:

Echec
Expérience

Nous avons tendance à considérer comme un échec tout événement qui ne s’est pas déroulé comme nous l’avions prévu. Dans ce cas, l’échec n’est pas une notion objective, il est seulement fonction de ce que nous nous étions fixé comme challenge. Nos efforts n’ont pas abouti au résultat escompté.

Il arrive aussi, bien sûr, que l’objectif nous soit imposé. Ainsi, ne pas obtenir la moyenne à un examen s’apparente à un échec.

 

L’échec selon une norme

Lorsque nous n’atteignons pas un résultat qui nous est fixé, admis comme une norme, une unité de mesure commune, alors nous pouvons parler d’échec au sens propre. A savoir, par exemple, que nous n’avons pas obtenu la note ou le nombre de points nécessaire à la validation d’un examen, à l’obtention d’un diplôme, à notre passage au degré supérieur. L’appréhension de ce type d’échec provoque chez beaucoup d’entre nous stress et anxiété.

La peur de l’échec nous poursuit souvent dès l’enfance. Elle grandit proportionnellement au manque de confiance en soi… et réciproquement.

Ici, il s’agit d’échec par rapport à ce que l’on attend de nous. Ou plutôt de tout le monde. Nous devons nous conformer à une norme; la façon dont nos connaissances sont évaluées ne tient guère compte de notre individualité.

 

De la relativité de l’échec

Un sentiment d’échec peut nous envahir lorsque nous ne faisons pas ce que d’autres font: devenir propriétaire de son logement, avoir un poste à responsabilité, un mariage heureux, de beaux enfants, des vacances aux Seychelles. Là encore, même s’il ne s’agit plus de réussir ou d’échouer à un examen, cela y ressemble. Nous nous sentons en échec par rapport à un standard de réussite imposé par notre société.

Et si vous preniez la peine de vous interroger? Est-ce vraiment de tout cela dont vous rêvez et avez besoin pour – vous – prouver votre valeur?

Quels sont vos propres critères de réussite? Il risque d’être bien difficile de les déterminer, tant la pression normative est forte.

Pour que la vie ne soit plus vécue comme une succession d’échecs mais d’expériences, il est essentiel de faire ses propres choix. Qu’est-ce qui est important pour vous? Qu’aimez-vous faire? Que rêvez-vous d’accomplir? Fixez-vous des buts, des objectifs, mais n’oubliez pas d’apprécier le voyage et de faire preuve de  souplesse en planifiant votre itinéraire.

Choisissez une direction, avec un but suffisamment vaste pour que chacune de vos expériences puisse vous en rapprocher. C’est la voie qui vous permettra de vous libérer de la peur de l’échec… et par conséquent de l’échec lui-même.

 

L’échec, c’est de ne pas se lancer

La peur de l’échec conduit aux mêmes conséquences que la peur du regard extérieur: nous n’osons pas nous lancer, nous préférons renoncer… ce qui nous prive de tant d’expériences précieuses pour nous aider à devenir la plus belle version de soi-même.

Pour vous aider à ne plus craindre l’échec et à cheminer d’expérience en expérience,  je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

 

Je regarde

soleil couchant sur le lac, bilan au terme d'une journée

A la Pointe-à-la-Bise, tout à côté de la roselière genevoise où convergent à la tombée du jour des nuées d’oiseaux aquatiques, je me pose en silence au terme d’une journée de travail.

Ai-je réussi ma mission aujourd’hui? Ai-je été adéquate, authentique, aidante? Suffisamment à l’écoute?

A quoi se mesure la réussite ou l’échec?

Je contemple le soleil disparaissant derrière la crête, ce halo de lumière qu’il laisse dans son sillage. Et les centaines d’oiseaux qui vont passer la nuit ici, qu’ont-ils appris, qu’ont-ils accompli au terme de ce jour?

Comme eux, j’ai traversé, expérimenté un nouveau jour. J’ai cheminé. Pas d’échec ni de réussite, simplement la vie à chaque instant, en relation avec les autres et avec moi-même. Autant de pas franchis vers un peu plus de vécu, un peu plus d’expérience.

J’écoute, je lis

Par sa personnalité, par ses conférences, Christiane Singer laisse à toutes celles et ceux qui ont eu l’occasion de la côtoyer le souvenir d’une humanité intense, palpable. Aujourd’hui encore, quinze ans après son départ, ses écrits nous élèvent et nous transportent.

Chacune de ses oeuvres littéraires – essais, récits, romans – est à lire et à relire.

Derrière son titre qui nous interpelle tant, «Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi?» recèle des pépites à chaque page, donne un sens à la  vie dans toutes ses dimensions. Christiane Singer invite à «se mettre au service de la vie, prendre soin aujourd’hui encore de la petite enclave de vie qui m’est confiée».

Ecoutons ses paroles bienveillantes:

« Personne n’exige de moi que je réussisse
mais seulement que je franchisse un pas en direction de la lumière.
»

J’entre en action

Pour aujourd’hui, je vous propose de penser à une activité, un projet dans votre journée qui ne se déroule pas tout à fait comme vous l’auriez imaginé et souhaité.

Il peut s’agir de circonstances en apparence anodines bien que contrariantes.

Vous pouvez penser à cette situation en terme d’échec: un rendez-vous oublié; un retard dû aux encombrements sur la route; un dossier à boucler auquel il manque un élément essentiel; votre enfant qui pique une crise à la caisse du supermarché; une nuit d’insomnie…

Vous pouvez aussi choisir d’identifier plutôt dans cette situation ce qu’elle vous a appris, en quoi elle vous a fait avancer d’un pas: vous vous êtes excusé sans culpabiliser; vous avez pu calmer votre enfant en vous détachant du regard des autres clients; vous n’avez pas angoissé, les yeux grand ouverts dans votre lit, sur les conséquences d’une petite nuit…

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