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De l’incertitude
à l’assurance (VI)

Jour 6

Hier, lors de la cinquième étape de ce mois pour se reconnecter à soi, nous évoquions le risque de nous décourager en chemin, et l’importance de garder espoir lorsque nous avons le sentiment de ne plus progresser.

Nous pouvons avoir une idée plus ou moins précise du but que nous souhaitons atteindre. Pour progresser et oser entreprendre des changements, il faut bien sûr avoir une direction à suivre, trouver un sens au chemin que nous allons fouler.

Cependant, si l’objectif est excessivement précis, nous risquons de manquer notre cible. Si nous pensons qu’il existe un seul moyen de l’atteindre, nous resterons bloqué devant le premier obstacle, sans itinéraire de déviation pour le contourner.

Pour ces raisons, nous avons tout avantage à garder une certaine souplesse, tant concernant notre but que les moyens d’y parvenir. Heureusement, nous n’avons pas besoin de certitudes pour avancer et pour nous fortifier.

Explorons ensemble aujourd’hui ces deux notions:

Incertitude
Assurance

L’incertitude, c’est ce que nous ne pouvons pas prévoir. A l’évidence, elle est partout dans nos vies. Quoi que nous fassions, nous ne pourrons l’éliminer. Nous anticipons, nous programmons, nous prévoyons. Mais nous ne savons pas si la réalité sera tout à fait conforme à ce que nous souhaitons, imaginons, ou appréhendons.

Tant que nous n’intégrons pas que l’incertitude est une condition inhérente à la vie, nous resterons confronté à la peur, au découragement.

Si rien n’est certain, alors «à quoi bon» s’efforcer de progresser vers de meilleurs lendemains?  Ne vaut-il pas mieux s’accrocher à ses habitudes, rester bien au chaud dans sa zone de confort, en attendant que le ciel nous tombe sur la tête?

 

L’incertitude, source de curiosité

Si nous nous inquiétons trop pour l’avenir, proche ou lointain, nous avons une vision bloquante de l’incertitude et cette dernière risque de refroidir notre enthousiasme et nous priver de toute audace. Nous restons alors dans cet état où nous pensons que nos peurs et nos habitudes nous maintiennent dans une «certaine» sécurité.

Mais en regardant plus profondément, comme nous tentons de le faire depuis quelques jours, nous comprenons peu à peu que la sécurité n’est pas là où nous pensions la trouver. D’ailleurs, de quoi s’agit-il au juste, face à tant d’incertitudes?

Essayons plutôt de considérer l’incertitude comme une source inépuisable de curiosité. Plutôt que de craindre ce qu’elle nous réserve, nous pouvons commencer à en entrevoir les richesses.

 

Sans incertitude, pas de surprise, pas de joie

Pour mieux ressentir en quoi l’incertitude constitue un moteur dans nos vies, essayez donc d’imaginer une existence dont vous connaîtriez tous les événements à venir; où le résultat de chacun de vos actes serait écrit d’avance. Une vie sans surprise, sans coup de théâtre, sans nouveauté, sans aucune épreuve pour vous faire grandir, sans aucun obstacle pour vous stimuler à sauter plus haut.

Dans cette vie improbable remplie seulement de certitudes, pas non plus de joie inattendue pour faire bondir votre coeur dans votre poitrine, pas d’émerveillement, pas de cadeau de la vie plus beau que tout ce que vous auriez pu espérer. Est-ce vraiment cela dont vous rêvez?

Oui, la vie nous semblerait plus rassurante si nous savions que nous aurons toujours un poste de travail garanti, suffisamment d’argent, une relation pour toute la vie, des amis et des proches que l’on ne perdra jamais, des enfants heureux, un pays en paix, une bonne santé physique et mentale, un moral au beau fixe…

 

Pas de certitude, mais de l’assurance

Les certitudes ne sont pas la matière première dans laquelle sont modelées nos existences. Dans tous les domaines, que nous l’acceptions ou non, notre sécurité est toute relative.

En revanche, nous pouvons développer notre assurance tout au long de notre vie. Chaque pas en avant nous en donne davantage. A cette assurance-là, nous cotisons avec notre volonté, notre motivation, l’audace qui nous pousse vers demain, vers l’inconnu, vers la nouveauté. Alors nous nous sentons plus solide de l’intérieur.

Lorsque vous recherchez la sécurité seulement à l’extérieur de vous, en vous appuyant sur d’illusoires certitudes, observez si vraiment vous vous sentez à l’abri de tout événement inattendu. Ne vous sentez-vous  pas davantage en sécurité avec l’assurance que vous pourrez activer votre propres ressources intérieures pour faire face aux incertitudes de la vie?

Pour vous aider à gagner en assurance, je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

 

Je regarde

Ecole de voile sur le Léman, avec un orage se formant sur le Jura

C’était une après-midi de septembre, au bord du Léman. Les petites voiles blanches étincelaient au large de Thonon-les-Bains. On aurait dit des papillons posés sur l’eau et s’y reflétant.

A bord, de jeunes moussaillons en plein apprentissage des brises et de la maîtrise de leur esquif. Des cris d’excitation, parfois teintés d’inquiétude, et puis des rires aussi parviennent jusqu’à la rive.

Au-dessus du Jura, déjà l’orage menace. Sous un ciel de plus en plus chargé, un grain avance sur le lac depuis l’ouest. Il va falloir écourter la leçon de navigation.

Dans l’immédiat, les petits triangles mouvants qui naviguaient en file indienne sont en train de se regrouper. Face à l’incertitude – météorologique dans le cas présent – une certaine prudence est de mise. Néanmoins, les petits skippers débutants ont pris ce jour-là encore un peu plus d’assurance, malgré… ou peut-être grâce aux conditions de navigation changeantes.

J’écoute, je lis

«Lorsque Thich Nhat Hanh nous invite à redevenir plus solide, ce n’est pas une injonction que nous fait ce tout grand maître bouddhiste. Venant de lui, toute parole est emplie de bienveillance. Mais une bienveillance qui ne signifie nullement se laisser aller à la facilité.

Ecoutons-le:

«Il faut vous récupérer, être vous-même.
Il faut redevenir solide. Vous pouvez pratiquer la solidité dans la vie quotidienne.
Chaque pas que vous faites, chaque respiration doit vous aider à devenir plus solide.
»

J’aime son expression: «se récupérer». Je me vois m’agenouiller pour rassembler et recueillir ces morceaux de moi que les incertitudes de la vie ont éparpillés à tous les vents, me «récupérer» et me relever.

Même si toutes les pièces mettront encore du temps à retrouver leur place pour constituer un tout cohérent et harmonieux, vous «récupérer» vous aidera à vous sentir plus solide. Plus assuré.

J’entre en action

Pour notre mise en pratique d’aujourd’hui, j’aimerais vous inviter à vous inspirer des petits mousses, que l’on devine en pleine manoeuvre, prêts à «danser» avec les éléments.

Il ne sera pas nécessaire de vous mettre à la barre et de prendre le large. Simplement, soyez déterminé à sortir au moins quelques instants de chez vous, quel que soit le temps qu’il fait.

Il pleut? Parfait. Il vente? Très bien. Il fait «trop» froid? Emmitouflez-vous. Le temps est incertain? Encore mieux.

Partez marcher un peu. Prenez conscience de votre présence, sous la pluie, dans le vent, sous le soleil ou dans le froid. Prenez conscience aussi de votre solidité. Vous n’allez pas fondre, ni vous envoler, pas davantage geler sur place.

Mais vous ressentirez tous les éléments… et que vous avancez, debout, au milieu de ces éléments. Peut-être les pieds mouillés et les doigts blancs de froid, mais solide. Progressant avec assurance… malgré l’incertitude du temps qu’il fera plus tard, plus loin.

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