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Du regard extérieur
à l’auto-évaluation (XI)

Jour 11

eNous avons observé hier que notre sentiment d’enfermement pouvait se manifester de différentes manières et  avoir diverses causes. Or, même si cela peut sembler paradoxal, lorsque nous nous sentons confiné·e à l’intérieur de nous-même, c’est que notre rapport à ce qui nous est extérieur souffre d’un déséquilibre. Nous nous évaluons en fonction des autres et nous nous mettons d’autant plus en retrait.

Aujourd’hui, explorons ensemble ces deux attitudes:

Regard extérieur
Auto-évaluation

Le regard extérieur, c’est tout ce que nous voyons, entendons, interprétons qui nous vient des autres, de notre environnement familial, amical, professionnel ou plus généralement de la société dans laquelle nous vivons.

Nous imaginons que nous devons être «comme les autres» pour être considéré·e comme une personne valable, adéquate, reconnue, acceptée. Nous faisons confiance à ces jugements externes pour définir qui nous sommes et et ce que nous valons.

 

Comme si les autres savaient mieux que nous

Le manque d’estime de soi accroît naturellement l’importance que nous accordons au regard des autres. Si nous nous considérons nous-même comme inférieur·e, nous donnons raison à tous les jugements extérieurs ciblant nos insuffisances… ou du moins ce que nous considérons comme tel.

Ce dénigrement de soi-même renforcé par notre environnement se manifeste jusqu’au refus de tout compliment que l’on ne saura pas recevoir comme étant une vérité, une parole sincère.

Lorsque nous faisons quelque chose de mal, ou de pas assez bien, nous nous le reprochons. Lorsqu’il nous est renvoyé de l’extérieur que nous avons bien agi, que nous avons eu une attitude généreuse, aimant, aidante, nous considérons cela comme simplement normal.

De même, nous attribuons à tort un échec à notre incompétence, alors que si nous réussissons, c’est juste une question de chance.

 

Une auto-évaluation bienveillante

L’importance excessive que nous accordons aux regards extérieurs nous est d’autant plus néfaste qu’elle s’accompagne le plus souvent de mauvaises interprétations de notre part. Si des personnes nous adressent des commentaires désobligeants, durs, critiques, plutôt que de les considérer comme des jugements sans fondement, nous nous laissons persuader trop facilement que ce que l’on dit de nous est vrai.

Pour résister aux critiques extérieures – bien réelles ou sur-évaluées par notre manque de confiance en nous – nous devons développer nos capacités d’auto-évaluation. Et surtout, il est essentiel que cette auto-évaluation ne repose plus sur une faible estime de soi.

Trop souvent sans doute, vous donnez raison à une personne qui vous critique. Pire, vous vous donnez raison à vous-même en vous critiquant.

Portez davantage attention à toutes ces situations du quotidien où vous vous appropriez les reproches que vous entendez autour de vous, où vous vous flagellez vous-même. Puis faites l’exercice d’inverser les rôles: imaginez à votre place une personne que vous appréciez, un ami, une collègue de travail. Vous viendrait-il à l’idée d’être aussi dur avec cette personne que vous l’êtes avec vous-même? Si elle fait l’objet de reproches injustifiés, n’auriez-vous pas envie de la défendre et de remettre la personne accusatrice à sa place? Alors pourquoi ne pas le faire pour vous-même?

 

Oser être soi-même

En psychologie humaniste, nous parlons de «locus de contrôle» externe ou interne. Cette notion apparaît plus essentielle et plus actuelle que jamais, dans une société où la publication à tout-va de qui nous croyons être et de ce que nous faisons ne connaît plus de limites. Tout est devenu sujet à comparaison, évaluation et surenchère.

Pour développer nos capacités d’auto-évaluation – notre «locus de contrôle» interne – il nous faut davantage nous respecter, poser des limites plus claires à notre individualité et la rendre moins perméable aux influences extérieures.

Pour vous aider à vous détacher du regard extérieur et oser être vous-même,  je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

 

Je regarde

Un pré en fleurs, des arbres, un champ cultivé

Face à un pré fleuri comme celui-ci, nous nous émerveillons. Puis très vite notre esprit évalue, estime, compare. Lesquelles sont donc les plus belles? Les fleurs blanches au premier plan… le tapis jaune soleil un peu plus loin?

Peut-être vais-je donner davantage de valeur aux arbres qui bordent le pré. Ou encore, au-delà, à ces champs cultivés où le blé en herbe deviendra céréale, puis farine et pain.

Et si je cessais plutôt d’évaluer, contemplant simplement chaque fleur dans sa beauté unique, chaque arbre dans sa grandeur et sa solidité, chaque épi de blé à venir comme un cadeau de la terre…

L’arbre ne se soucie pas du regard de la fleur. La fleur blanche ne se croit pas plus belle, ou au contraire de moindre valeur que sa voisine jaune soleil.

J’écoute, je lis

Eminent psychologue et psychothérapeute, fondateur de l’approche centrée sur la personne, Carl R. Rogers croit en la capacité de tout être humain de développer son propre potentiel selon un processus qu’il nomme l’auto-actualisation.

Pour être pleinement soi-même, il s’agit notamment de se libérer du regard extérieur, de devenir son propre observateur.

Il l’exprime sobrement, d’une sobriété à l’image de son approche thérapeutique, simple en apparence mais d’une profonde richesse.

Ecoutons-le:

« Je me sens plus heureux simplement du fait d’être moi-même
et de laisser les autres être eux-mêmes.
»

J’entre en action

Pour aujourd’hui, je vous propose d’expérimenter une journée où vous resterez du mieux que vous le pouvez connecté à vous-même

Pour cela, essayez de laisser de côté tout commentaire extérieur vous concernant. Ne vous comparez à personne.

Si vous faites quelque chose de maladroit – renverser votre café, casser un verre, oublier de prendre votre parapluie… – ne vous adressez aucun reproche. Cela nous arrive à toutes et tous.

Au lieu de vous traiter d’incapable – ou pire que cela – terminez  plutôt votre journée avec une action bienveillante envers vous-même. Par exemple en notant dans un petit carnet trois choses qui vous ont fait vous sentir fier de vous, ou tout simplement en accord avec vous-même.

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