blog

De l’inquiétude
à la quiétude (XIII)

Jour 13

En nous détachant  du regard extérieur sur qui nous sommes, ce que nous faisons et comment, nous avons vu, les jours précédents, que nous pouvions aussi aborder différemment la  notion d’échec. Petit à petit, notre perspective change et nous nous accordons le droit de nous alléger de trop de contraintes que nous pensions inéluctables.

Aujourd’hui, je vous invite à prendre le temps d’observer les effets d’un tel changement de perspective.

Pour cela, penchons-nous ensemble sur ces deux ressentis:

Inquiétude
Quiétude

L’inquiétude, il n’est guère besoin, me semble-t-il, de vous la décrire. Nous la connaissons toutes et tous  tant elle nous colle aux talons dans tous les domaines de notre vie. Généralement, nous nous inquiétons à peu près pour tout, des plus petites choses du quotidien aux plus grands enjeux de nos existences.

Les plus soucieux d’entre nous la considèrent au fond comme un état naturel. Mais avez-vous remarqué ce préfixe de deux lettres en début de mot: «in-». Cela ne signifierait-il pas que notre état véritablement naturel serait ce même mot, mais non affublé de son préfixe, évoquant par conséquent le sentiment opposé: la quiétude.

 

Agir davantage et moins penser

L’inquiétude provoque souvent une anxiété que nous ressentons tant physiquement qu’émotionnellement. Mais elle naît dans nos pensées. Nous anticipons, nous imaginons. Notre cerveau a la carrure d’un champion lorsqu’il s’agit d’appréhender une situation à venir sous toutes ses coutures, en énumérant en priorité toutes les manières dont cela pourrait tourner mal. C’est ce que l’on nomme en psychologie «biais de négativité».

L’inquiétude n’est jamais une réalité objective, mais une projection de notre esprit. Nous aimerions contrôler les événements, or nous ne pouvons jamais tout maîtriser. La plupart du temps, notre inquiétude est liée à des éléments sur lesquels nous n’avons pas de prise.

Lorsque nous pouvons, ou osons agir là où cela nous est possible, nous nous inquiétons moins et nous mettons notre énergie dans une attitude plus constructive en trouvant des solutions ou en contournant une difficulté.

 

S’inquiéter… ou être tranquille

Les mots ont des choses à nous dire. Nous l’avons vu, l’inquiétude est une absence de quiétude. Quiétude que l’on pourrait considérer comme notre état naturel.

Pour l’inquiétude, il existe un verbe. Je peux dire: «Je m’inquiète». Si vous vous inquiétez, vous êtes donc en quelque sorte actif, mais d’une activité contre-productive. En réalité, votre esprit s’agite, vos pensées s’emballent, votre imagination galope.

A l’opposé, pas de verbe pour exprimer la quiétude. Ce n’est pas une action, c’est un état. Il est question d’«être» dans la quiétude, de la ressentir, de l’habiter.

Pour moins nous inquiéter et nous sentir plus tranquille, nous n’avons rien à changer fondamentalement. Il ne s’agit pas de nous efforcer de modifier une attitude, une réaction. Il est même conseillé de ne rien faire de particulier.

Essayons simplement d’être ici, présent à l’instant. Et observons ce que nous ressentons. Au début, sans doute, beaucoup d’agitation. Puis petit à petit, comme un semblant de calme, dans notre esprit, dans notre corps, dans notre coeur.

 

Laisser venir la quiétude

Si je m’inquiète, c’est que je pense à plus tard, à ce qui se passera dans quelques secondes, une heure, un jour, un an, dix ans… Cela semble ne pas avoir de fin.

L’inquiétude, c’est comme une fissure dans notre réservoir d’énergie vitale. Il est temps de colmater la fuite, de nous ressourcer dans la quiétude pour refaire nos réserves.

Un sage disait: «Je me suis inquiété toute ma vie pour tellement de choses dont la plus grande partie ne se sont jamais produites.»

Pour vous aider à ne plus vous inquiéter de tout, tout le temps, je vous propose trois étapes: un arrêt sur image, une citation inspirante, une action pour ancrer la réflexion.

Je regarde

C’est un temps d’avril. Un temps à giboulées.

A l’Arboretum, les prunus parmi les plus précoces ont entamé leur floraison. Ce matin-là, ils ont les pieds dans la neige. En contrebas, l’Aubonne défile à gros bouillons.

En arrière-plan, les arbres semblent comme brûlés par le froid de l’hiver. Dans quelques jours pourtant, chacun à son rythme,  ils offriront au regard toute la palette des verts.

Je souris devant la nature messagère. Elle m’invite à la patience, à la contemplation. Au silence.

Nulle inquiétude de son côté. Tout est bien, en harmonie entre deux saisons. Rencontre de l’hiver finissant avec le printemps naissant. Rencontre de la neige et des fleurs…

Envie de demeurer là, en toute quiétude.

 

J’écoute, je lis

Il nous vient de si loin, Li Po, également connu sous le nom de Li Bai.

Il nous vient d’une autre culture, le taoïsme; d’un autre pays, la Chine; d’un autre temps, le VIIIe siècle. Pourtant, cet immense poète nous transmet avec un talent immémorial l’art de l’instant présent dans la contemplation de la nature.

Il a côtoyé de son temps la vie des riches palais, avant de fréquenter des ermites et de se retirer de tout pour savourer l’essentiel.

Ecoutons-le pour mieux nous taire:

« Tu me demandes pourquoi j’ai élu domicile dans les bois sur la montagne, et  je souris, et je me tais, et même mon âme fait silence.
Elle vit dans cet autre monde qui n’appartient à personne.
Le pêcher est en fleur. La rivière coule.»

J’entre en action

Pour aujourd’hui, je vous propose d’expérimenter un moment de méditation en pleine conscience avec pour objet la sensation d’inquiétude et de quiétude.

Installez-vous simplement en position assise, confortablement. Prenez bien conscience de votre corps, de sa position, de vos pieds posés à plat sur le sol.

Mais déjà, sans doute, en l’espace de quelques secondes, des pensées ont assailli votre esprit.

A quoi pensez-vous? Je devrais plutôt dire: «De quoi vous inquiétez-vous?»… tant il est probable que ce que à quoi vous pensez vous préoccupe.

Revenez gentiment à vos sensations corporelles, à votre respiration. Revenez ici et maintenant. Et observez, même si cela ne dure qu’une seconde, l’instant de quiétude où votre attention n’est plus accaparée par votre esprit.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour à la page d’accueil du programme «Tout un mois avec soi»