Faire de son mieux,un pas à la fois

Faire de son mieux,
un pas à la fois

JANVIER
Avancer sur son propre chemin

Un mois à peine depuis le premier jour de l’an. Et déjà les habitudes ont repris le dessus, noyant les bonnes résolutions sous le flot des obligations. Alors, on se fustige, comme toutes les fois où l’on avait placé la barre trop haut. Mal dans sa peau, dans son quotidien, dans son boulot.

Et s’il y avait un autre chemin?

 

« Un voyage de mille lieues
commence toujours
par un premier pas. »

 

disait Lao Tseu. Pourquoi dès lors continuer de nous imposer des objectifs illusoires tant ils sont ambitieux? A vouloir trop en faire, l’insatisfaction nous submerge.

A l’inverse, je vous invite à faire tout simplement de votre mieux, bienveillant envers vous-même. A garder confiance en la vie, même par gros temps, et en votre intuition, qui saura vous guider mieux que les pressions sociales auxquelles vous sacrifiez votre précieuse individualité.

Nos vies sont tissées de cheminements, en pensées comme en actes. Nous cheminons pour avancer, mais aussi pour grandir, évoluer et nous épanouir.

Cette série en douze étapes propose une réflexion méditative pour chaque mois de l’année.

Se désencombrer avant le printemps

Se désencombrer avant le printemps

FEVRIER
Pour se sentir plus léger

Lorsque dehors le froid est encore mordant, les jours trop courts et la lumière peu généreuse, on apprécie la chaleur de son chez-soi, de ce cocon protecteur que l’on a souvent trop encombré, comme un pied de nez à la nature endormie qui n’a pas grand chose à offrir.

Mais voici que déjà les oiseaux recommencent à chanter, encore frileux dans le petit matin. La nuit n’est plus aussi noire et même les lève-tôt peuvent savourer les premières lueurs bleues de l’aube naissante. A la faveur d’un redoux, les premiers bourgeons osent une apparition.

Première balade en petit pull ou écharpe d’alpaca et doudoune pour se protéger des derniers frimas, c’est la météo qui en décidera. Pour le reste, il ne tient qu’à nous d’être prêt pour accueillir le printemps dans la légèreté et la liberté que procure presque magiquement le désencombrement.
 

« Rien qui m’appartienne,
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l’air »

dit un haïku, symbolisant en quelques mots cette simplicité qu’il est souvent si compliqué de retrouver.

Nous pensons que l’accumulation matérielle nous facilite la vie, puis nous prenons conscience qu’il n’en est rien;  au contraire, nous croulons sous le poids du superflu.

Alors que la nature, encore secrètement, met tout en place pour nous gratifier bientôt de son explosion printanière, je vous invite à porter un regard lucide sur ce qui vous entoure: objets sans âme, meubles surdimensionnés, paperasses inutiles, journaux déprimants, habits  dont on devine la trame. A la place, imaginez juste le nécessaire, à peine davantage, faites-vous cadeau d’un peu d’espace.

Nos vies sont encombrées et souvent notre esprit aussi. Commencer à faire le vide autour de soi, pas à pas, c’est nous permettre de cheminer plus libre et plus confiant, de cueillir le moment présent dans l’allégresse du printemps.

Un besoin de renouveau

Un besoin de renouveau

MARS
On ne refait pas sa vie, on la transforme

Les premières heures du printemps éveillent en nous comme un sentiment de renouveau, une envie parfois confuse d’autre chose. La nature nous prend à témoin de sa renaissance et, que l’on soit laïc ou croyant, Pâques fait résonner en nous la possibilité d’une vie nouvelle.

Changer de vie, repartir de zéro, qui n’en a pas rêvé… avant que son espoir de changement ne se heurte durement à cette sentence trop souvent entendue : on ne refait pas sa vie, on la continue. Mais continuation ne veut pas dire statu quo et «refaire sa vie» n’impose  aucunement de tout plaquer pour fuir à l’autre bout du monde. Plutôt qu’une rupture, ce besoin de renouveau évoque davantage une transformation. Il nous remet en mouvement, nous redonne le goût d’avancer là où nous nous fatiguions à piétiner.

 

« Quand nous avançons avec confiance
en direction de nos rêves,
et que nous nous efforçons
de vivre la vie que nous avions imaginée,
nous atteignons un succès
que nous n’aurions jamais espéré en temps normal »

 

écrit Henry David Thoreau qui s’éloigna de la civilisation le temps de mieux comprendre et d’expérimenter son propre besoin de transformation.

A défaut de trouver la force pour un changement de cap radical, nous nous résignons souvent à l’immobilité, convaincus que c’est «tout ou rien». Je vous invite à considérer plutôt cette envie d’une autre vie comme un processus naturel, comme un indicateur de bonne santé. Elle signifie simplement que vous êtes en train de vous reconnecter à votre vraie vie, celle qui frémit tout au fond de vous.

Notre vie rêvée n’est pas un but lointain. Elle est le chemin sous nos pas et il nous appartient à chaque instant de la transformer, de la renouveler, sans rupture ni fracas.

Retrouver joie et légèreté

Retrouver joie et légèreté

AVRIL
Comment prendre soi de son âme

Sous le soleil printanier, tout le monde semble rayonner. Et pourtant, tout au fond de soi, on éprouve une lourdeur, une tristesse, un mal-être confus.
Elles sont là depuis un moment déjà, la perte d’énergie, la crise de sens, cette jachère de l’âme. On a fait comme si tout allait bien, en espérant le retour spontané de ces instants de grâce, comme sur la photo de cette fin de dimanche, à lancer des petits cailloux dans l’eau. Mais aujourd’hui, les petits cailloux ont grossi. On les a au fond de nos chaussures et au fond du cœur… et ça commence à peser lourd. On aimerait retrouver joie et légèreté, mais comment?

« Y a-t-il pire que d’avoir traversé la vie
sans houle et sans naufrage,
d’être resté à la surface des choses,
d’avoir dansé toute une vie au bal des ombres?  »*

 

Par ces mots, l’immense écrivain Christiane Singer fait l’éloge de ces moments où plus rien ne va, de ces crises existentielles qui peuvent être salvatrices si elles sont reconnues.

Souvent, nous taisons nos manques et nos besoins, préférant fuir dans de vains divertissements sans y trouver le réconfort. Je vous invite à explorer une autre attitude: au cœur de la tourmente, prenez le temps d’examiner tous vos cailloux, pour garder seulement ceux qui vous serviront de repères sur votre chemin de vie.

Accueillir une crise, c’est se « remettre» au monde en offrant à son âme ce dont elle a besoin moment après moment: silence et solitude, confidences à un ami, communion avec la nature, lectures éclairantes, démarche de développement personnel ou même spirituel. Reconnaître une fragilité, c’est en faire une force pour se reconnecter à toutes ses ressources et retrouver la joie d’un dimanche au bord de l’eau.

* Du bon usage des crises, Christiane Singer, chez Albin Michel

La musique du silence

La musique du silence

MAI
Fuir le bruit et retrouver l’harmonie

Faire l’expérience du silence: à cette seule idée, on se prend à rêver, tant il est difficile dans notre société si agitée de le retrouver. Ou alors on prend peur, tant la perspective de moments sans bruit peut paraître inquiétante. Ou encore, on fait partie de ces privilégiés qui non seulement parviennent à se créer dans leur quotidien des plages de silence mais qui, en plus de l’apprécier, savent qu’ils en ont fondamentalement besoin.

Nos vies professionnelles et sociales sont remplies de bruit. Souvent il nous rassure. On l’associe au dynamisme, à la gaieté, à la joie de vivre. On n’entend même plus que ce remplissage à coups de décibels nous heurte et nous épuise. 

« La vie et le monde tel que nous le connaissons
sont gravement malades.
Si j’étais médecin et que l’on me demandait mon avis sur les hommes,
je répondrais:
Du silence! Prescrivez-leur du silence! »

 

Pour l’écrivain et philosophe Kierkegaard, le silence est un remède à nos maux… au-delà des mots.

Nous croyons que l’expérience du silence est hors de notre portée. Et si la vérité était plutôt que nous n’osons pas nous y plonger ? Si le silence évoque pour vous l’ennui, la solitude ou la peur du vide, je vous invite à l’apprivoiser peu à peu. Eteindre la radio, préférer à un bruit de fond le chant des oiseaux, le rythme des vagues ou la musique des sphères, c’est se donner la chance de pénétrer un monde d’une infinie richesse, autour et à l’intérieur de soi.

C’est aussi le silence qui fait la musique, permettant aux notes de s’établir dans l’espace. Au bruit, préférons donc le silence… et la musique. Une musique choisie, pour accompagner la danse de la vie. Une musique pour faire la fête, une musique que l’on fête au solstice d’été.

Quand arrive l’été: partir… ou rester

Quand arrive l’été: partir… ou rester

JUIN
Se mettre en mode vacance(s)

On les aura attendues toute une année, elles sont enfin là: les grandes vacances. Elles ont la saveur de la liberté, voire les couleurs exotiques des grands horizons, très loin, le plus loin possible du quotidien. Que l’on choisisse le bord de mer, le trekking plus près des cimes, les nuits à la ferme ou la croisière, on est prêt à braver embouteillages, milliers de kilomètre et heures de décalage.

Les vacances, nous les méritons, parenthèse enchantée qui nous permet de «tenir le coup» le reste de l’année. C’est du moins ce que nous croyons. Mais passer ainsi, subitement, du trop plein au rien, peut avoir des conséquences inattendues, transformant en ruminations des soucis que notre agitation habituelle tenait à l’écart.

 

« Seule la capacité de tirer constamment de l’enchantement
à partir de ce que nous faisons
peut vaincre les obstacles au bonheur. » *

 

Selon Mihaly Csiksentmihalyi*, nous ne nous sentons jamais aussi bien que lorsque nous sommes engagés totalement dans une activité qui, pour nous, fait sens et nous motive. Il nomme cet expérience le « flow », autrement dit une manière d’être dans le courant, dans le flux, immergés, concentrés, présents.

Dès lors, on comprend mieux en quoi une interruption brutale de notre rythme quotidien risque de nous plonger dans l’ennui et les soucis. Plutôt que de tout miser sur cette parenthèse pas toujours si enchantée, je vous invite à imaginer un rythme plus harmonieux, tout au long de l’année, alternant au quotidien activités soutenues – le fameux « flow » – avec moments de loisirs choisis, arrêts en pleine conscience.

Dans notre société, ce n’est pas simple. Mais se dire qu’un autrement est possible, c’est déjà beaucoup. Quant aux vacances, ne vous en privez pas, mais surtout qu’elles soient à votre goût.

*Vivre, la psychologie du bonheur, Laffont/Pocket