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L’impermanence comme une renaissance

par | 5 Avr 2015

Revisité en janvier 2023

Aux abords du Léman, les vents sont changeants. En revisitant des instantanés du printemps 2015, je ressens encore la force d’Eole, tandis qu’en ce jour de janvier 2023, une bise étourdissante souffle en toute liberté.

En l’espace de trois jours,  d’un Vendredi-Saint à un matin de résurrection, passer du désespoir au miracle de la vie qui sans cesse se renouvelle.Pour les croyants, il est des étapes essentielles, à l’image de Pâques, qui symbolisent la foi, la confiance.

Pour les non-croyants, pour celles et ceux qui n’ont pas de nom à poser sur leur façon de vivre leur spiritualité, ces étapes d’éveil peuvent se présenter à tout instant, dans l’observation, l’accueil, la compréhension de ce qui est. De ce qui n’est plus, de ce qui est autre.

Voici une poignée de jours, un vent d’ouest soufflant en tempête dans la rade genevoise épargnait une oasis de calme sous la protection d’une jetée. L’instant de grâce invitait à méditer sur l’impermanence. Demeurer, patient, au coeur des tourments.

Aujourd’hui, les vents ont tourné, mettant en vedette une bise venue du nord, déchaînée, brassant un Léman sens dessus-dessous. Là où régnait le calme par vent d’ouest, voici que les eaux semblaient déterminées à engloutir la faune lacustre, canards et cygnes disparaissant littéralement dans le creux des vagues.

En amont des jetées, il s’agissait de surnager tant bien que mal. Pour reprendre son souffle, il fallait être en aval. Mais on ne choisit pas toujours… Lutter contre le vent, ou se laisser glisser dans le sens du courant. Surfer sur la vague… Tour à tour, nos réactions aux aléas de la vie sont tissées de révolte, de combat, ou d’acceptation, parfois de résignation.

Les conditions extérieures sont impermanentes. Comme l’est notre météo interne: aujourd’hui se sentir d’humeur à s’exposer à tous les vents, se laisser gifler par la vie impétueuse, danser et rire en évitant les embruns des vagues s’écrasant sur le quai; un autre jour s’abriter sous son édredon, ou peut-être sortir, mais la tête noyée sous un capuchon.

Accepter d’être certains jours plus téméraire que d’autres. Plus réceptif, plus ouvert. Et méditer sur ce curieux paradoxe: et si c’était la prise de conscience de cette impermanence qui enracinait en nous un sentiment de sécurité renforcé, renouvelé.

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Catégories: pandémie, changement, réflexion

Mots-clé: femme, société, nature

LA MISE EN IMAGE

Vague féminine dans les rues de Genève, 14 juin 2019. Image du monde d’avant. Aujourd’hui, rester unies malgré la distance.
©L’île intérieure