Huit étapes de pleine conscience à Genève, entre ville et campagne
Méditer en été (III)
En tête-à-tête avec « La Mélancolie », au Parc La Grange
Une joue reposant contre ses mains, poignets fléchis, corps partiellement replié sur lui-même, elle domine les parterres colorés de La Roseraie. Omniprésente puisqu’on la voit de partout en se promenant parmi les roses, elle semble cependant curieusement absente, comme perdue dans ses pensées. Née d’un bloc de pierre, sous le burin du sculpteur genevois Carl Angst, elle fut baptisée “Mélancolie”.
Avec pour écrin le plus somptueux des espaces verts qu’offre la Genève urbaine, on se dit qu’elle devrait être comblée et se nommer “Joie”. Des fontaines qui gazouillent, une pergola fleurie, un océan de corolles odorantes, en faut-il davantage pour goûter aux délices de la vie… Caressée par le premier rayon du matin, elle demeure immobile, en équilibre entre veille et sommeil.
La tristesse sublimée
La mélancolie, dit-on, est cet état de tristesse si persistant qu’il est illusoire d’espérer en sortir. Pourtant, si l’on prend le temps de la regarder vraiment, cette “Mélancolie” qui semble de pierre est peut-être plus vivante que beaucoup d’entre nous. Là où nous portons un masque, pour faire bonne figure, pour cacher nos doutes et nos fragilités, elle ose exprimer ce vague à l’âme qui parfois nous habite. A force de la contempler, la pierre semble devenir chair. A côté de cette présence silencieuse, assis sur un banc au coeur de la Roseraie, on n’est jamais seul, mais bien en fraternité d’âme, en communion avec nos émotions.
A quoi pense-t-elle? Peut-être au riche Romain qui vint s’établir, voici près de 2000 ans, dans ce lieu parfaitement situé; ou, plus près de nous, à la famille Favre qui fit don à la population genevoise de ce merveilleux parc; ou encore aux soldats démobilisés qui, au lendemain de la guerre, reprirent goût à la vie en créant une roseraie. Ou simplement à la nature de la rose, éphémère et sublime comme l’été.
Méditer en été:
toutes les étapes
Comme dans une toile impressionniste
Méditer en été (I): au Jardin de la Paix, un espace dédié au souvenir
Les hommes passent, l’arbre demeure
Méditer en été (II): sous le marronnier du Moulin-de-Vert, plus que centenaire
Et en aval coule une rivière…
Méditer en été (IV): à la chapelle de Malval, entre vignes et Allondon
Dans la rade au lever du jour
Méditer en été (V): à la lumière du phare des Pâquis, repère au coeur de l’aube
Atmosphère tropicale
Méditer en été (VI): au bord de la Versoix, en amont des chutes
Un espace pour dire sa gratitude
Méditer en été (VII): Choulex et son église dans un écrin naturel préservé
Cultiver la paix en soi
«Méditer en été» (VIII): un rendez-vous avec Gandhi dans le parc de l’Ariana